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Un Regain de vie au cœur du Luberon

Situé sur le versant nord du grand Luberon, le domaine de Regain, cette ancienne ferme semi-troglodyte qui fut une fameuse auberge de jeunesse au XXe siècle, est réhabilitée pas à pas avec une sensibilité écologique par deux nouveaux amoureux du territoire pour en faire à la fois leur habitation, un lieu d’accueil et d’hébergement, et un lieu ouvert vers l’extérieur. 

Un domaine en triptyque, voici comment on pourrait définir le domaine de Regain, situé sur la Commune de Saignon, au-dessus d’Apt, sur ce Plateau des Claparèdes qui alterne chênaies et champs de lavandes au pied d’une imposante masse feuillue, le grand Luberon.

Un domaine en triptyque du fait de la topographie des lieux, car le site de 14 hectares est traversé par un cours d’eau, l’Aigue-Brun, qui, au fil du temps, a creusé son vallon entre les masses rocheuses affleurant par endroit parmi le couvert végétal. Un pan de plateau au nord, le vallon et un deuxième pan de plateau au sud.

On arrive sur le Domaine par le pan nord, où des ânes assurent nonchalamment le débroussaillage. On cherche le bâti principal en cherchant ses habitants et ce faisant on marche inexorablement vers le vallon, car c’est dans la pente de celui-ci que se dresse cette ancienne ferme, face au sud pour capter la chaleur du soleil en hiver, mais contre des rochers, et même par endroit dans les rochers, pour bénéficier de leur fraîcheur en été.

Pourquoi avoir construit cette ferme il y a près de 4 siècles sur un site si accidenté ? Pour l’eau bien sûr ! L’or bleu. Car si elle traverse le site de manière intermittente dans le vallon, l’Aigue-brun n’existant que quand il a plu abondamment sur le plateau, elle coule de manière permanente par différentes sources dont la localisation de certaines relève du secret.

C’est le site qu’ont choisi François et Claude Morénas au milieu du XXe siècle pour fonder une auberge de jeunesse qui durant plus de 40 ans et jusqu’au tout début des années 2000 accueilli nombre de jeunes voyageurs venus de toute l’Europe. Ceux-ci y trouvèrent, outre un gîte, un lieu dédié notamment au cinéma et à la randonnée, avec des projections en plein air et dans une salle dédiée et plus de 900 km de sentiers créés par François Morénas et dont certains subsistent et côtoient le GR 92 ‘’traversée du Grand Luberon’’ qui longe le Domaine.

Ce sont les Morénas qui donnèrent le nom de Regain au Domaine, en référence au roman de Giono, qu’ils avaient rencontré. Tandis qu’ils n’ont plus l’âge et la force pour l’habiter, André Richardson, déjà voisin du site, pris d’affection pour le lieu et ses habitants, le rachète en 2005 et l’entretient avant de le vendre en 2020 à Olivier Landrin et Didier Michel.

A ce moment-là Olivier est architecte, Didier est directeur du réseau national de culture scientifique. Tous deux vivent ensemble à Paris et sont mûrs pour changer de vie et, ce qui va de pair, de territoire. Il ne s’agit donc pas pour eux d’acheter une maison secondaire et de l’occuper de temps à autres comme lieu de décompression de leur vie parisienne, mais de vivre dans un lieu, et de faire vivre ce lieu, toute l’année.

Regain les attend.

Regain les séduit et leur fait peur tout autant.

Il y a de quoi. Car Regain demande de l’attention, des travaux, et beaucoup d’énergie. Olivier et Didier en ont et le Luberon et les environs finiront de les séduire. 

Comment rénover et habiter une ancienne ferme devenue auberge, en préservant les qualités du bâti tout en l’améliorant pour le rendre plus confortable et l’adapter à son nouvel usage ?  

Comment mener cette rénovation de la manière la plus écologique possible ?

Comment gérer les différents espaces boisés ou de prairie qui composent le site ?

Ce sont les différents défis que mènent pas à pas Olivier et Didier depuis 2020.

Le corps de ferme se voit au fur et mesure doté d’une organisation plus fonctionnelle, de pièces plus vastes et captant mieux la lumière naturelle.

Elle se prépare par ailleurs à un recevoir un chauffage au bois en lieu et place de l’actuel chauffage au fioul, des panneaux solaires pour l’autonomie électrique du site, et une isolation en chaux-chanvre, parfaitement adaptée aux maçonneries anciennes.

Pour la gestion des 14 hectares d’espaces extérieurs, une approche écologique est aussi privilégiée.

Les ânes ne sont pas les seuls à tondre les prairies, une dizaine de chèvres et deux moutons contribuent aussi au débroussaillage du site. Pas de désherbage mécanique et encore moins chimique. Et pour l’espace non boisé du pan sud du plateau du Domaine, Olivier et Didier ont opté pour la plantation de 200 pistachiers, un arbre peu gourmand en eau.

Tout cela a évidemment un coût, et pour participer à ce coût et permettre aussi à des voyageurs de profiter de ce lieu exceptionnel, Olivier et Didier ont créé un gîte* sur la partie haute du corps de ferme*, et puis une chambre dans un cabanon de berger en pierres.

Et à terme le site pourra accueillir des groupes pour des séminaires, des mariages, et autres festivités, voire également des évènements culturels.

Je vous souhaite donc chers lecteurs et lectrices d’avoir l’occasion de découvrir le Domaine de Regain et de découvrir son caractère unique et l’harmonie qui y règne.

Harmonie entre plateaux et vallon, entre pierre et végétation, entre ciel et terre, entre hommes et bêtes, au cœur du Luberon.

Je vous souhaite aussi d’y rencontrer Olivier et Didier et leur énergie, et de voir comment ils apportent ce Regain de vie.

Floris VAN LIDTH  

* le site du gîte : http://www.domainederegain.fr/

NB : j’ai souhaité écrire cet article car j’ai découvert le Domaine de Regain en ayant coordonné sa vente avec Airescoop et ma casquette d’agent immobilier. Le caractère exceptionnel du lieu, son histoire et le projet d’Olivier et Didier m’ont donné envie de mettre ce coup de projecteur.